vendredi 15 mai 2015

Atelier // l'alimentation en conscience

L'alimentation en conscience

Quels aliments, quelle taille, quel matériel utiliser ?
la diversification alimentaire consciente part du principe que le bébé se développe seul : il sait téter, il apprend à marcher seul...
Les parents jouent un rôle important dans ce développement en offrant des opportunités au moment venu. Apprendre à manger se déroule de la même manière. A partir du 6è mois

Avec Claire de Pontevès, fondateur de l’Espace Natbé à Paris



EDIT : le compte rendu de l'atelier.
Le principe de l’alimentation en conscience, ou diversification menée par l’enfant (DME) c’est de l’accompagner dans la découverte des aliments solides, à son rythme. Tout comme la marche ne s’apprend pas en tenant le bébé par les bras, la seule chose à faire est de le sécuriser, et de proposer un environnement adapté. Le bébé, puis l'enfant, si on lui fait confiance, apprendra seul et par mimétisme toutes les grandes étapes de la vie.

La diversification « classique », celle qui est le plus souvent indiquée, consiste à donner des purées bien lisses aux bébés, amenées par une cuillère jusqu’à sa bouche. Le bébé n’est dans ce cas pas en action, et avale passivement ce qu’on lui donne. On adopte cette manière de procéder par manque de temps, par peur que le bébé se salisse ou salisse l’environnement, ou bien par peur de l’étoufffement…
La façon dont les parents perçoivent la nourriture est importante. Cette remise en cause est aussi une prise de conscience. 

L’allaitement à la demande est une bonne introduction à la DME, puisque le bébé sait quand demander et quand terminer, il connait la sensation de faim et celle d’être repu. La mâchoire travaille et se muscle aussi bien plus qu’avec un biberon où le lait coule sans effort. Le lait artificiel a toujours le même goût, contrairement au lait maternel qui prend le goût des aliments que mange la maman. 
Cela ne veut pas dire que la DME ne peut être proposée aux bébés qui boivent des biberons de lait artificiel. Le lait reste l’aliment principal, celui est donné en premier, avant les aliments solides. L’OMS conseille l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, et jusqu’au 2 ans de l’enfant.

Le 6e mois est une période propice pour commencer la DME. C’est en général un moment où le bébé teste beaucoup, met des choses dans sa bouche. On peut considérer qu’il est prêt pour les aliments solides à partir du moment où il attrape des aliments sur la table du repas familial et essaye de les porter à sa bouche. 
On commence alors à lui proposer de gros morceaux de légumes cuits vapeur ou de fruits mous (courgette vapeur, 1/2 banane, brocoli…) faciles à attraper (les petits morceaux sont trop difficiles à saisir). Au début il joue avec les aliments plutôt qu’il ne les mange : il écrase, broie, jette, suce le jus… L’objectif n’est pas encore de manger ! C’est aussi le moment de préparer l’environnement avec une toile cirée, un bavoir… et d’accepter que cela sera une expérience un peu salissante !

Le réflexe de régurgitation est assez fort jusqu’à 1 an environ, le risque de fausse-route est de ce fait assez rare. Apprendre à mâcher viendra plus tard. 
Une carotte crue entière peut être donnée pour faciliter l’apparition des dents. Lorsque les dents seront sorties, il pourra râper de petits morceaux et savourer le goût.

Idéalement, les aliments proposés au bébé sont bien distincts les un des autres. On peut proposer 2 ou 3 choses différentes afin qu’il distingue chaque saveur. Un repas trop complexe qui intègre de nombreux éléments peut-être rejeté. Il n’est pas nécessaire de cuisiner différemment pour le bébé que pour les plus grands. Le plaisir sera pour lui de manger à table, d’imiter les convives, membres de la famille.
Ex : Si on cuisine des lasagnes, garder des légumes de côté pour le bébé avant d’assembler le plat. 

Pour le bébé/ l’enfant, il n’existe pas encore d’ordre dans lequel manger les aliments, et on peut proposer fruits et légumes, de sorte que tout soit disponible sur la table selon son appétence. Se remettre aux besoins de son corps avant même les conventions sociales ou culturelles est une idée que l’adulte peut aussi appliquer. Ce n’est pas pour autant que le bébé/ l’enfant deviendra « un enfant roi », sera malpoli ou asocial. C’est au contraire  si les besoins vitaux de remplir son corps sont assouvis qu’il pourra alors se consacrer à découvrir le monde. Cette crainte n’a donc pas de réel fondement. 

Laisser l’enfant manger ce qu’il veut, dans les quantités qu’il veut, c’est le laisser se rassasier à sa façon. Cela peut-être inquiétant pour les parents de voir son enfant se gaver de camembert, de chocolat, de galettes de riz, mais il faut pouvoir faire confiance en sa capacité à s’arrêter. Il est peu probable qu’il le finisse intégralement.  L’adulte doit veiller à être cohérent si par exemple il refuse à l’enfant l’accès au sucre et qu’il en consomme lui même beaucoup. l’enfant ne peut pas comprendre que l’on ne sucre pas son yaourt à lui, et c’est souvent une remise en questions familiale qu’il faut penser. 

Lorsque les enfants sont plus grands, on peut les inclure dans la préparation des repas. Si le temps est un peu court pour cuisiner en rentrant de la crèche / de l’école / du travail, il est possible de mettre les enfants à contribution pour préparer les légumes (couper avec un petit couteau, écosser les petits pois…) sur un escabeau en bois pour atteindre le plan de travail. Et pourquoi pas laisser à disposition un petit placard avec des baies de goji, fruits secs, raisins, en cas d’impatience. 
Après tout, nous nous accordons souvent des pauses nutritives tout au long de la journée, aussi les enfants peuvent avoir envie en dehors des repas établis d’un petit carré de chocolat, de qqs amandes, d’un verre de tisane…

Le bébé peut tout à fait se passer de biberon, ou d’une tasse à bec, pour boire très tôt dans un petit verre type Duralex. Il faut se poser la question, ces accessoires favorisent-il vraiment l’autonomie et la confiance en soi, ou sont-ils pratiques pour les parents ? 
Les purées lisses, industrielles, vendues en petits pots sont certes un gain de temps considérable, mais elles ne permettent pas l’évolution de la mastication. Quand elles sont présentées avec morceaux, ce sont des morceaux isolés dans une purée lisse, ce qui est déroutant pour le bébé. Cette mastication qu’il n’aura pu apprendre progressivement devra être réapprise plus tard.

Enfin, « ni critiques ni compliments » permettent d’écouter mieux son propre corps. On ne mange pas pour « faire plaisir à papa, à maman, une cuillère pour mamie », mais il est normal de manger ou d’avoir envie de ne pas manger. Selon les périodes, le bébé/ l’enfant mangera énormément, ou peu à chaque repas. 
Il ne faut pas trop s’alerter des courbes de poids, et regarder plus globalement la constitution des parents, la bonne humeur générale, l’envie de découvrir, qui sont des signes de bonne santé. 

sites et ressources :
www.diversificationalimentaire.com
Bien dans sa cuisine : Isabelle Filliozat
Méthode France Guillain



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